A travers une série d’interviews d’Athlète à Athlète, je souhaite vous faire découvrir les coureurs sélectionnés pour représenter la France aux prochains Jeux Olympiques de Paris 2024 en Voile.

C’est Nicolas Goyard qui se jette à l’eau pour cette première entrevue. 

Jonathan : Est-ce que tu peux commencer par te présenter peut-être en quelques mots, d’où viens-tu ? Quel est ton parcours ?

Nicolas : J’ai une origine un peu diverse. Je suis né à Lorient, en Bretagne, mais j’ai vécu une grande partie de ma jeunesse en mer, voyageant avec ma famille à bord de notre catamaran. J’ai vécu quatre ans à Tahiti et ensuite déménagé en Nouvelle-Calédonie, où j’ai grandi et pratiqué la voile. J’ai commencé avec l’Optimist à l’âge de 6 ans, puis j’ai exploré différentes disciplines, j’ai été notamment Champion de France en BIC en minimes et la même chose en Slalom les années suivantes. Après mes études en métropole, j’ai intensifié ma pratique du Slalom et j’ai également commencé à travailler sur le développement des foils.

 

Préparation aux Jeux Olympiques

 

Jonathan : Quand World Sailing annonce l’arrivée de l’IQFoil pour les Jeux de Paris 2024, comment accueilles-tu la nouvelle ?

Nicolas : Il n’y a eu aucune condition, c’était évident. Dès le début de la Campagne Olympique, j’ai un véritable temps d’avance sur la concurrence, c’est énorme à la fois au niveau technique et au niveau des réglages.

 

Rigueur et Approche Scientifique

 

Jonathan : Donc c’est vraiment ton expérience du Foil combinée aux tests que tu pouvais faire à côté qui t’ont permis d’avoir un vrai savoir-faire d’entrée ?

Nicolas : Exactement. Et du coup ça m’a permis de gérer une double activité, à la fois au niveau développement ce qui est super intéressant au niveau intellectuel et la gestion des entrainements et des compétitions. Du coup tu vas gérer ça, et pas juste t’enfermer dans le suivi du projet sportif.

J’ai continué à avoir cette vision plus large du matériel, de ce qui se passe, au niveau technique, au niveau du carbone et de bien comprendre tout ce qui se passe aussi en amont dans la production, en gros tout ce qu’il y a derrière. Il y a aussi le fait d’être aussi en lien du côté des usines sur tout ce qui est production, de tout ce qui est tolérance de production. Comprendre ces différences est essentiel pour optimiser le choix du matériel et les réglages.

Jonathan : Ok. Parce que dès le début de l’Olympiade immédiatement tu domines la discipline. Tu avais déjà un super gabarit, tu avais une excellente technique, on sentait que tu étais déjà très à l’aise sur les foils. Les autres n’avaient pas mesuré tout le travail que tu avais déjà mis en place en amont.

Nicolas : Il y a eu un travail énorme et ce travail continue à être fait. J’ai depuis toujours continué à faire des mesures de foil. J’ai des bases de données qui sont énormes sur les foils. Je pense que c’est l’un de mes gros points forts sur lequel je m’appuis aujourd’hui.  Je suis un des plus réguliers de la flotte, je suis toujours présent sur chaque épreuve, toujours présent dans le top 3, dans le top 5 et à chaque épreuve. Il n’y a quasiment aucune épreuve où je fais de la M**** parce que j’ai cette rigueur de fonctionnement qui me permet à chaque fois en fait de revenir dans le match.

 

Relations familiales et Émulation

 

Jonathan : Et forcément, on va parler un peu de ton frère Thomas, Médaillé d’Argent aux eux de Tokyo en 2021. C’est officiel, le deuxième frère va aussi aller aux Jeux, ça a dû être quand même une sacrée fête dans la famille !

Avec Thomas ça s’est toujours bien passé, on sent qu’il y avait une bonne émulation entre vous et même sur la fin au niveau de la sélection il n’y a pas eu de souci ? Vous avez réussi à garder cette communion entre frère ?

Nicolas : Je ne pense pas que beaucoup de frères ont pu avoir cette expérience ensemble, de se pousser aussi loin aussi fort l’un par rapport à l’autre. Après ce qu’il y a, c’est qu’on a la même vision du sport je pense. Avec le fait de juste chercher à se dépasser soi-même, de faire à chaque fois du mieux possible. On n’a pas cherché à écraser l’autre.

Jonathan : Vous étiez vraiment plutôt en train de vous entraider ?

Nicolas : C’est ça, là-dessus au moins on a été raccords et c’est ce qui a fait que ça a bien fonctionné. Et clairement, ça a fonctionné et on est arrivé là, on a fait du très bon boulot et c’était fort !

 

Défis du Plan d’eau de Marseille

Jonathan : Ça, m’amène à une autre question. J’aimerais bien qu’on parle du plan d’eau de Marseille. Comment tu te sens sur le plan d’eau ? Est-ce que c’est un plan d’eau qui te plaît ? Vas-tu devoir vraiment fournir un effort pour être performant là-bas ?

Nicolas : Alors d’une part, je vais commencer par, tu vois bien… c’est ceux qui prétendent connaître Marseille, ils mentent ! Parce que le plan d’eau il est complexe à plus en pouvoir, qu’il y a des variations de vent, de clapot, de houle, que ça change tout le temps. Je ne dirais pas que c’est un plan d’eau que j’affectionne particulièrement. Avec la brise thermique qui ne veut pas rentrer jusqu’au bord en été parce qu’il fait trop froid au bord, c’est compliqué. Surtout avec les foils. On a quand même besoin de partir au large donc à chaque fois, il faut faire du remorquage. Enfin, ce n’est pas un plan d’eau facile, ni à l’entraînement, ni en régate… Après, c’est un coin complexe où je pense que chacun pourra s’y retrouver, tout le monde pourra retrouver des points forts, des points faibles.

 

Intensité de la Course en IQFoil

 

Jonathan : Pour les gens qui ne connaissent pas du tout l’IQFoil, est-ce que tu pourrais leur expliquer le « truc » qui est vraiment le plus intense, le plus sympa ?

Nicolas : Oui alors sur la partie régate, ce qui est super intéressant c’est la proximité à haute vitesse avec les autres concurrents qui sont juste collés à toi, que tu vois du coin d’œil. Ils sont à 1 m à ton vent et tu es à 20 nœuds au près et certaines fois à 25, 28, 30 nœuds au portant. C’est vraiment chaud! Tout va très vite !! Et tout ça à 50 cm au-dessus de l’eau.

 

Pronostic pour l’Équipe de France

Jonathan : J’avais une dernière petite question un peu plus « tricky », est-ce que tu as un pronostic pour l’Équipe de France ? Combien de médailles penses-tu que vous allez faire ?

Nicolas : 4 ou 5, je pense que c’est réaliste. 6 ce serait monstrueux mais il faudrait que tout fonctionne parfaitement.

 

Conclusion

Jonathan : Merci beaucoup, Nicolas, pour cette entrevue passionnante. Je te souhaite bonne chance pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, on est tous derrière toi !