A travers une série d’interviews d’Athlète à Athlète, je souhaite vous faire découvrir les coureurs sélectionnés pour représenter la France aux prochains Jeux Olympiques de Paris 2024 en Voile.

Cette semaine c’est Louise Cervera, l’enfant de la méditéranée. 

Jonathan : Salut Louise. C’est sympa de prendre un peu de temps pour pouvoir échanger tous les deux. Peut-être en quelques mots, si tu pouvais te présenter pour les gens qui ne te connaissent pas.

Louise : Merci de m’écouter, c’est super cool. Moi, c’est Louise Cervera, j’ai 26 ans, je fais de la voile à haut niveau et en parallèle, je suis aussi étudiante en école d’ingénieur à l’INSA de Lyon et je pratique la voile depuis que j’ai 6 ans.

Jonathan : Quel est ton parcours dans la voile ? As-tu commencé par l’Optimist comme tous les enfants ou as-tu un parcours un peu différent ?

Louise : J’ai commencé par l’Optimist quand j’avais 6-7 ans. Ensuite, j’ai fait mes premières compétitions dans la région, en France, et j’ai décidé de partir sur le Laser 4.7 à l’époque, c’était le nom, pour poursuivre dans un dériveur solitaire, un bateau que je puisse faire toute seule. Et après, j’ai vite enchaîné sur la préparation en ILCA 6 maintenant pour prétendre à une qualification pour les Jeux en 2024.

Jonathan : Ça y est, tu es officiellement qualifiée pour les Jeux. Ça a dû être une sacrée bonne nouvelle. J’avais une petite question à te poser. Quand tu penses aux Jeux Olympiques, c’est quoi la première image qui te vient en tête ? Ça peut être tout sport confondu, pas forcément que la voile.

Louise : La première image qui me vient en tête… Franchement, c’est dur à dire. Pour moi, c’est surtout quand je vois les bateaux sur l’eau. Je n’ai pas une image précise, mais s’il fallait en sortir une, je dirais que j’ai pas mal regardé les Jeux de Tokyo pour suivre Marie Boulot et Jean Baptiste Bernaz. Et du coup, j’ai cette image de la première manche de Marie avec les conditions qu’il y avait. Et je me suis dit, c’est super cool et j’espère pouvoir les faire les prochains. Donc, je dirais s’il y a une image, c’est ça. Et ça m’a vraiment donné beaucoup d’émotion en fait, parce que les jeux c’est quand même grand et là je me suis dit j’ai envie de faire les prochains.

Jonathan : Génial. Et à partir de quel moment tu t’es dit « ça y est, moi je vais aux Jeux » ? C’est quelque chose que tu avais en toi quand tu étais petite ou finalement ça s’est fait progressivement ?

Louise : Je pense que ça s’est fait progressivement parce que quand j’étais petite, je voulais plutôt faire le tour du monde en solitaire. Je voulais faire le Vendée Globe. Après, c’est vrai que quand j’ai découvert le laser, j’ai eu la chance de travailler avec un super coach à Cannes. Avec ça, ça m’a donné envie de performer en tant qu’athlète. Et j’ai découvert du coup le niveau à ce moment-là. Et je pense que le déclic, ça a été en 2014, quand je me suis qualifiée pour les Jeux Olympiques de la jeunesse. Je me suis dit, OK, je suis rentrée à la maison, j’ai fait ces petits trucs, c’est super cool, mais maintenant, il faut que je bosse pour aller chercher la qualif avec les grands. Et voilà, c’était dans ma tête. Après, c’est sûr que j’en ai fait tout un pataquès pour en arriver là, mais c’était quelque chose que j’avais tous les matins qui me donnait envie d’aller m’entraîner.

Jonathan : Et donc là, tu parlais des grands. Ça y est, là, tu arrives chez les grands. Et justement, est-ce qu’il y aurait un sportif ou une personnalité qui t’inspire, qui te donne un peu la marche à suivre ?

Louise : C’est facile pour moi parce que j’ai la chance d’avoir dans la discipline masculine Jean-Baptiste Bernaz qui, depuis que j’ai commencé, était déjà sur le circuit parce que ça fait longtemps qu’il est là-dedans, on ne va pas se mentir. Du coup, c’est vrai que je l’ai vu naviguer. J’ai vu la façon dont il s’entraînait, la motivation qu’il avait, ce qu’il faisait au quotidien pour être un champion comme il est. Et je pense que je vais avoir la chance de faire les Jeux de Paris avec lui. Je pense que ça va être la personne qui m’a inspirée et qui va continuer de m’inspirer jusqu’aux Jeux et sur laquelle je pense que je vais pouvoir m’appuyer parce qu’il a fait cinq fois les Jeux, il a beaucoup d’expérience et je pense qu’il pourra me partager les petits trucs qui font que peut-être que je ne vais pas me planter alors que lui, il a eu cette expérience-là et j’espère qu’il arrivera à une médaille à la fin.

Jonathan : Pour toi, ça va être tes premiers jeux. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu appréhendes particulièrement ou qui te fait un peu peur ?

Louise : Alors, à l’heure d’aujourd’hui, non. En revanche, il y a beaucoup de gens qui disent que les Jeux, c’est spécial, il y a une grosse pression, une pression médiatique, les gens sont stressés, etc. C’est vrai que pour l’instant, je ne le suis pas, donc je ne sais pas si ça changera. Mais c’est le truc qui me fait poser la question parce que je ne sais pas si je ne m’en rends pas compte. Mais en tout cas, à l’heure d’aujourd’hui, les Jeux, c’est pour moi une régate un peu comme une régate normale dans la saison. Et j’ai l’objectif d’y aller pour être la meilleure version de moi-même et donner le maximum. Mais ce petit truc de dire, ouais tu verras les jeux c’est différent, il y a quelque chose de spécial et tout, c’est ça qui m’appréhende un peu pour l’instant parce que je ne l’ai pas encore senti.

Jonathan : Les épreuves auront lieu à Marseille, donc pas très loin de chez toi. Tu es vraiment une vraie sudiste, comme on peut le dire. Une vraie de la Méditerranée. Est-ce que pour toi, c’est une chance à tes yeux de pouvoir avoir les Jeux à Marseille ? Est-ce que c’est très différent de Cannes ? Est-ce que tu peux expliquer un peu au grand public, si finalement ça va être quelque chose qui va t’aider ou finalement ça n’a pas vraiment d’importance ?

Louise : Je pense que c’est quand même une aide parce que j’ai grandi dans la baie de Mandelieu. J’ai fait pas mal de régates sur toute la côte en Méditerranée. Et ce sont plutôt des plans d’eau, quand on navigue en Méditerranée, qu’on a des compétitions que j’adore. J’y ressens vraiment bien les choses. Et l’expérience que j’ai presque depuis maintenant 15 ans sur la Méditerranée, je pense que c’est un gros plus. Le plan de Marseille, en plus, il ressemble quand même à Mandelieu parce qu’on a du relief, on a des îles, on a une ville, on a de la montagne, et Marseille c’est un peu comme ça, ce n’est jamais pareil. Quand on se déplace de 100 mètres sur le plan d’eau, ça change complètement. Donc je pense que cette adaptation qu’on doit avoir en Méditerranée, j’ai dû la construire depuis des années, donc je pense que ça va être un plus. Après, le bémol de ça, c’est qu’il ne faut pas s’enfermer dans les connaissances qu’on a et ce qu’on a vécu, parce qu’on fait de la voile. Quelquefois, il faut regarder le plan d’eau et s’il y a quelque chose qui change, il faut y aller. En tout cas, j’ai vraiment une passion avec la Méditerranée. Je suis une vraie sudiste de vrai et je pense que ça va être un gros plus pour ça.

Jonathan : Justement, pour le moment, tu vis à Marseille ou tu es restée à Mandelieu ?

Louise : Je suis toujours à Mandelieu quand je rentre de compète et après on va souvent en stage à Marseille entre les compétitions importantes et pour faire des stages justement pour connaître plus le plan Rio. Mais on a décidé qu’on allait faire un break au mois de juin pour ne passer trois mois complets à Marseille et sortir un peu de la baie pour voir autre chose et revenir avec des idées un peu plus claires et plus fraîches et avec une autre vision de ne pas s’ancrer vraiment tout le temps à Marseille.

Jonathan : Maintenant que tu es sélectionnée, les étrangères savent forcément que c’est toi qui vas représenter la France. On voit aussi que, gentiment, tu es en train de progresser et que tu commences à avoir des résultats de plus en plus régulièrement dans les avant-postes. Est-ce que tu trouves que leur regard a changé ? Est-ce que tu as senti quelque chose se modifier depuis l’annonce de la qualif ?

Louise : Alors, je pense que depuis l’annonce de la qualif, non, donc on a eu le Championnat d’Europe en Grèce en mars et la World Cup à Palma début avril, je pense que là, j’ai vu un peu plus de filles qui venaient me voir en me disant bravo, ou des petites réflexions comme ça que j’avais moins avant. Je pense que par exemple, la Britannique qui a fait une réflexion en disant, tu as quelque chose de spécial avec Palma. Moi, j’ai dit non. J’adore ce plan d’eau, mais j’ai senti qu’elle était un peu… Peut-être que je lui faisais un peu peur. Je l’ai battue sur la Medal Race, c’était top. Mais je pense que… Ça va peut-être venir, j’espère. En tout cas, j’aime bien cette position un peu d’outsider. Ce sont mes premiers Jeux et on verra bien ce que je vais pouvoir faire. Et j’espère leur faire peur, en tout cas, jusqu’à la fin des Jeux.

Jonathan : Justement, pour ceux qui ne connaissent pas particulièrement bien l’ILCA 6, est-ce que tu peux nous expliquer un peu quel est vraiment le truc que tu aimes le plus sur ce bateau-là ? Quelle est peut-être la spécificité du bateau pour que les gens puissent un peu mieux comprendre pourquoi tu as choisi cette discipline ?

Louise : Alors c’est vrai que c’est un bateau du coup, c’est monotype, tout le monde a le même. On est tout seul sur le bateau, donc ça c’est un peu la spécificité de notre catégorie, que tout le monde ait le même matériel et donc tout le monde joue sur le même piédestal. Le truc que j’aime vraiment sur ce bateau, ce sont les sensations que ça procure sur l’eau, parce que c’est un bateau qui n’est pas très rapide. Donc en fait, il faut vraiment être à l’écoute de nos sensations sur le bateau pour essayer de grappiller quelques millimètres à chaque fois, quelques centimètres. Donc ça c’est vraiment quelque chose que j’adore. Et le deuxième truc, c’est qu’il y a énormément de bateaux sur nos lignes de départ. On est beaucoup représentés dans le monde entier. Donc ça veut dire que quand on fait nos compétitions, on est beaucoup de filles. Et ça donne un aspect tactique, stratégie et un petit peu la guerre au départ, qui est un petit peu spécifique à notre discipline. Et ça, j’aime vraiment me bagarrer et trouver en fait le chemin pour aller à l’about au vent, la première marque en fait, le parcours, pour être première devant les autres. Et c’est vraiment, c’est hyper compliqué parce qu’il y a beaucoup de monde. Mais à la fois, c’est ce qui fait un petit peu ce côté, j’aime bien parce qu’il faut se battre et il faut trouver les bonnes armes pour être devant.

Jonathan : Et d’ailleurs, justement, l’ILCA 6, c’est quand même un bateau qu’on pourrait qualifier d’un peu ancien, traditionnel, parce qu’on voit maintenant tous les bateaux à foils arriver sur la place Olympique. Est-ce que tu trouves que la façon dont on présente le bateau, un peu à l’ancienne, ça lui fait un petit peu préjudice par rapport aux bateaux à foils ?

Louise : Ça ne m’embête pas du tout parce que je pense que ce sont vraiment des disciplines vraiment à part. Et il y a bien sûr des choses qui sont similaires parce qu’on navigue, on doit faire avec le vent, avec les conditions extérieures, météorologiques. En revanche, ça ne me dérange pas parce que l’ILCA 6, justement, il est différent dans le sens où il y a beaucoup de monde. Les bateaux ne sont pas rapides, donc c’est un aspect de la régate qui est différent par rapport au foil. Nous, les différences ne se font quasiment pas en vitesse, elles se font sur autre chose, et c’est ce qui fait que c’est presque deux sports différents, le foil et l’ILCA. Et ça ne m’ennuie pas du tout de dire que c’est un bateau ancien et un engin de plage même, puisque souvent c’est comme ça qu’on l’appelle. C’est un engin de plage, mais qui est représenté dans le monde à des milliers et milliers d’exemplaires et qui fait que le niveau sur cette discipline est très élevé et qui me pousse dans mes retranchements à être meilleure à chaque fois.

Jonathan : Et d’ailleurs, ça me fait penser, dans ta catégorie, il y a des grandes championnes, notamment la Danoise et la Hollandaise qui trustent les premières places depuis un certain temps. Ça t’inspire ? Est-ce que tu regardes comment elles se préparent ? Ou alors tu choisis de suivre ta propre voie ?

Louise : Alors bien sûr, je choisis de suivre ma propre voie, par contre, j’y mets beaucoup d’importance à regarder ce qu’elles font. Par exemple, j’essaie de m’entraîner avec elles. On a réussi à s’entraîner avec Marit, la Hollandaise, qui a trois médailles aux Jeux, ce qui n’est pas rien. Et en s’entraînant avec elles et de voir un peu au quotidien comment elles fonctionnent, comment elles naviguent, et j’essaie de prendre un peu, de voler quelques trucs pour essayer d’être meilleure sur certains points. Cependant, j’essaie de faire ma route parce que je pense qu’en voile, chaque personne sa façon de faire et sa façon de régater. Et il ne faut pas que je « copie-colle » quelque chose d’un autre athlète parce que ce ne sera pas moi et ça ne marchera pas. Donc j’essaie juste de piquer quelques trucs pour m’améliorer et j’espère me battre contre elles sur la Medal Race aux Jeux. Mais devant, de faire devant. C’est sûr !

Jonathan : Tu as eu la chance de découvrir la Marina Olympique en avant-première. Elle est enfin terminée, est-ce que tu peux nous en parler un peu ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu’elle a de spécial ? Est-ce qu’il y a des trucs qui sont vraiment bien réfléchis ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Louise : C’est vrai que j’ai eu la chance de voir l’évolution de la marina. C’est une structure qui est hors norme pour nous les sportifs. On a vraiment tout sur le même endroit, sur le même spot. C’est-à-dire qu’on a les salles de muscu, on a les salles de récupération, on a les kinés, etc. Et aussi on a des hangars où on peut rentrer nos bateaux sans les dégréer, donc sans les ranger. Ils sont directement prêts pour aller naviguer, ce qu’on n’avait pas avant. Avant, on perdait un peu de temps quand même à dégréer notre bateau, donc à ranger la voile, etc. Là, les bateaux sont prêts, on a juste à mettre la combi et aller sur l’eau. Et puis on a la salle de muscu, on a beaucoup de salles aussi pour faire des vidéos et faire des débriefs. Et je pense que ça, pour les athlètes français, ça va être un gros plus pour préparer les Jeux parce qu’on va être vraiment dans un confort et dans la performance optimisée au maximum. Donc ça, ça va être top. Et puis la marina, on est directement sur le plan d’eau. On sort du port et hop, c’est bon, on peut aller naviguer là où il y aura les prochaines courses. Donc vraiment au top et j’ai vraiment hâte que les Jeux commencent pour en découdre.

Jonathan : Et d’ailleurs, justement, je voulais parler un peu avec toi de cette attente. Maintenant que tu es sélectionnée, il va falloir attendre, il va falloir continuer à te préparer, garder la motivation. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ? Est-ce que tu as mis en place une stratégie ? Est-ce que vous avez réfléchi avec ton entraîneur à un plan justement pour garder cette envie, cette motivation jusqu’au premier jour des Jeux ?

Louise : La motivation, franchement, je ne me fais pas de soucis parce que j’aime vraiment ce que je fais, j’adore naviguer, j’adore aller m’entraîner, j’adore le rythme d’une sportive de haut niveau et encore plus aller sur l’eau et naviguer sur mon bateau. Donc ça, la motivation, je pense qu’on ne l’a même pas mise dans le planning parce qu’elle n’a pas lieu d’être parce qu’elle est tout le temps là. Par contre, j’ai un entraîneur italien, donc on a beaucoup réfléchi sur la programmation qu’on voulait faire pour les Jeux, parce qu’on veut arriver à la fois frais, parce qu’on ne veut pas arriver sur-entraînés, mais être entraînés assez pour pouvoir rivaliser avec les meilleures mondiales. Donc on a beaucoup réfléchi sur le volume d’entraînement et sur les endroits où on allait s’entraîner. Et on est parti sur une stratégie de ne pas rester à Marseille pendant quatre mois d’affilée, mais plutôt de faire des gros blocs à Marseille et de couper avec d’autres endroits pour justement avoir un autre esprit ouvert, plutôt sur un autre plan d’eau où il faut que je m’adapte en vitesse et à la fois en tactique et stratégie pour mieux régater et qui me permettra quand je reviendrai sur Marseille d’être sur une dynamique meilleure que si je reste là-bas en permanence.

Jonathan : D’accord c’est très clair ! Si tu devais identifier peut-être ta particularité ou ton point fort en quelques mots qu’est-ce que tu pourrais nous dire ?

Louise : Je pense que mon point fort, c’est que je ne crains personne et j’aime vraiment ce que je fais et j’ai beaucoup de sensations sur l’eau. Donc je pense que c’est quelque chose qui m’aide beaucoup dans la voile parce que les sensations, si mon bateau me parle bien directement, je vais être rapide. Et si je sens bien les conditions météo avec le vent, c’est pareil, je vais adopter les bonnes trajectoires. Donc je pense que ça, c’est un point fort. Et puis voilà, si j’ai en face de moi la meilleure mondiale, je n’aurais pas peur de tout donner pour aller la battre. Et je ne me dirais pas dans ma tête à ce moment-là qu’elle va m’avoir parce qu’elle est Championne Olympique. J’irais en tout cas avec les dents qui iraient le parquet. Ça, c’est sûr.

Jonathan : C’est génial ! Si tu pouvais choisir un super pouvoir pendant les Jeux, ce serait lequel ?

Louise : Un super pouvoir ?

De voir le vent. C’est-à-dire que le vent, en fait, quand il se déplace sur l’eau, qu’il ait des particules pour que je voie ce qu’il fait. Ça, ça serait un super pouvoir énorme. Si je pouvais avoir ce super pouvoir, ça serait waouh.

Jonathan : Oui j’aime bien cette idée ! Ensuite, j’avais une autre question un peu plus pour s’amuser. Si jamais tu pouvais échanger de place avec un autre athlète pendant les Jeux, Quel sport ou quelle discipline tu aimerais bien expérimenter ou dans quelle catégorie tu aimerais concourir ? Évidemment, en supposant que tu aies les capacités.

Louise : Le kayak slalom. J’y réfléchis, c’est un sport que j’adore. En fait, j’aime bien parce que ça ressemble aussi à la voile, parce qu’il faut faire avec les courants, il faut faire avancer le bateau, pareil, ce sont des sensations. Il faut avoir aussi la vision des courants et des vagues pour pouvoir prendre les meilleures portes, etc. Et je trouve que ça se rapprochait vachement avec mon sport. C’est à la fois un sport physique et s’il y a un sport où j’aimerais y aller, c’est ça. Je sais qu’il y a une australienne qui est super forte dans cette discipline, Jess Fox, et je l’admire beaucoup parce que j’aime vraiment ce qu’elle fait et ça serait un sport.

Jonathan : Dans l’équipe de France, tu m’en as déjà parlé un peu, mais est-ce que tu as vraiment ce sentiment qu’il y a une unité, une équipe, parce que vous êtes tous dans des catégories différentes, il y a quand même 10 disciplines différentes aux Jeux. Est-ce que tu trouves qu’il y a vraiment un sentiment d’équipe ? Est-ce que c’est quelque chose sur lequel tu vas pouvoir t’appuyer pendant les Jeux ? Ou tu as un peu l’impression que chacun est dans son univers ?

Louise : Non, clairement, il y a vraiment une notion d’équipe, mais qui ne date pas d’aujourd’hui. Moi, c’est vrai que j’ai eu la chance de pas mal partager avec JB, donc c’était pour moi quelqu’un qui m’a beaucoup aidée, mais aussi avec d’autres disciplines, par exemple, comme le 49er, où j’ai pas mal échangé avec eux quand on faisait des stages à Marseille, et par exemple, qui sont à la pointe de la technologie parce que leur bateau a besoin d’être performant au niveau matériel. Et ils ont pu m’aider dans mon engin de plage pour l’améliorer et qu’il soit plus performant avec différents cordages, etc. Donc ça, c’est un plus. Et je pense que cette équipe, elle est forte parce que chacun apporte des choses différentes et chacun a des compétences dans différents domaines. Et le fait de partager avec tout le monde, ça fait qu’on sera meilleurs tous ensemble plutôt que tout seul. Donc il y a vraiment une grosse notion de team derrière cette équipe de France qui prépare Marseille.

Jonathan : Si on va par-là, est-ce que tu peux me faire un petit pronostic des médailles de l’équipe de France?

Louise : Moi, je peux faire un pronostic. Je ne sais pas combien ça fait, mais je dirais qu’on a deux médailles en kite, deux médailles en IQFoil. On aura une médaille en 49er sûr ! Je dirais qu’on aura une médaille en 470 aussi. En Nacra, je pense que pareil, les jeunes vont faire quelque chose. Et en ILCA 7 et ILCA 6 aussi. Donc moi, je dirais un 10 sur 10.

Jonathan : D’accord, c’est bien optimiste, c’est nickel.

Louise : Moi, ça me va. Je n’ai pas dit les couleurs, mais 8 sur 10.

Jonathan : Est-ce que tu attends avec impatience ton package France ? Est-ce que tu l’as vu d’ailleurs ? Est-ce que tu sais comment tu vas être habillée ?

Louise : Non, alors je ne sais pas du tout comment je vais être habillée. Moi, j’ai plus envie de recevoir mon bateau que de recevoir la dotation parce que c’est vrai que nous, on n’amène pas nos bateaux sur les JO. Du coup, on va avoir un nouveau bateau pour préparer l’avant-JO et pendant les JO. Et j’ai hâte de savoir lequel ça sera, d’aller naviguer pour découvrir comment ils se comportent sur l’eau. Donc ça c’est vraiment quelque chose que j’attends avec impatience. Et j’ai surtout envie d’y aller parce que je pense que c’est beaucoup d’émotions. Et le fait d’en parler, j’ai juste envie d’aller régater pour voir ce que ça fait et de procurer des émotions à la fois pour moi et à la fois pour la France entière.